Olivier Stone est l’invité de la chaîne CBS pour parler de son documentaire, basé sur 20 heures d’interview de Vladimir Poutine, étalées sur 2 ans. Il fait face à l’animateur Stephen Colbert, qui a donné son nom à l’émission. Il est question de l’ingérence de la Russie dans l’élection américaine, et l’entretien dérape lorsque Stone aborde l’ingérence d’Israël dans la même campagne...
Le sujet de CBS commence par un extrait du documentaire The Putin interviews, où le réalisateur demande à Poutine s’il a « conscience de son poids dans l’élection américaine » : en choisissant tel candidat par rapport à tel autre, il crée une réaction évidemment inverse dans le milieu politique américain et dans l’opinion publique. C’est ce qui s’est passé avec Trump, et qui a déclenché l’affaire qui court maintenant depuis plus de 6 mois, accusant le 45e président des États-Unis d’avoir été élu avec le soutien officiel et officieux de la Russie. Il n’en fallait pas plus pour déclencher les foudres du Système...
Ce à quoi Poutine répond qu’il n’interfère jamais dans les affaires intérieures des autres pays.
Oliver Stone est considéré comme un gauchiste et un emmerdeur au pays de l’Oncle Sam. L’animateur décide de « parler de Vladimir Poutine » et la première accusation fuse : le réalisateur aurait été trop gentil avec son sujet, le président russe étant considéré comme « un dictateur brutal » (ce sont les mots de l’animateur). Ce à quoi Stone répond qu’il doit forcément être « poli » avec ce personnage. Il se défend en expliquant que Poutine travaille 12 heures par jour depuis 16 ans, et que s’il a la chance de l’interroger, le tout sur une durée de 2 ans, il ne va pas la gâcher en étant impoli ou agressif.
L’animateur reproche au réalisateur de ne pas avoir relancé Poutine sur la non-ingérence dans les affaires américaines. Selon lui, la chose est acquise, et Stone aurait dû contrer le président russe. Il accuse Stone de ne pas avoir fait, sur ce point, une « interview » mais de la « propagande », celle d’un « dictateur brutal ». Colbert demande alors si au bout de 20 heures de conversations, Stone fait confiance à Poutine.
Il donne l’impression d’être un juge face à un accusé qui refuse de considérer Poutine comme un ennemi. Stone rappelle qu’il n’a jamais entendu Poutine « descendre » l’Amérique ou les Américains mais qu’il a au contraire toujours désiré établir des « relations cordiales » avec ce pays. En outre, jamais Poutine, à l’inverse de beaucoup de politiciens occidentaux, ne s’est laissé aller à des termes injurieux envers les pays et dirigeants étrangers. Et malgré toutes les injures, contre-vérités et injustices qu’ils a subies, il n’en a pas conçu de ressentiment particulier.
D’où la question ironique de Colbert, à 5’07 : « Y aurait-il quelque chose de négatif que vous auriez trouvé sur lui ? » (Applaudissements du public)
Stone ne rigole pas et demande directement « qu’est-ce qui cloche avec la Russie ? » il suppose alors que Colbert « hait Trump », ce à quoi l’animateur répond :
« Je ne comprends pas pourquoi notre président n’a jamais rien dit de négatif sur Poutine, le leader qui a opprimé son pays en muselant la presse et en arrêtant ses opposants (applaudissements), ce n’est pas quelque chose qu’on peut respecter en tant que journaliste et en tant qu’Américain. Et je suis surpris que vous respectiez ça. »
Stone fait remarquer à Colbert que lui respecte la « libre expression » de tous. Ce que l’animateur ou la chaîne n’ont visiblement pas fait puisque la partie où Stone parle de « l’interférence d’Israêl dans la campagne américaine » a été trappée. Ceci explique peut-être la nervosité de l’animateur, qui n’arrive pas à respecter son invité et son travail.
Car en 7 minutes d’interview, on n’a rien appris du documentaire en question. Une double censure qui n’étonne pas de la part des maîtres des médias de masse. Une parole libre et dérangeante ne doit pas passer à travers les mailles du filet.
Concrètement, d’après une source citée par therussophile.org, Stone a lancé que « l’ingérence d’Israël dans les élections américaines était de loin plus importante que celle de la Russie ». Stone demande alors à l’animateur pourquoi il ne l’interroge pas là-dessus. Colbert refuse d’aller sur ce terrain glissant, et aurait répondu : « Je vous interrogerai là-dessus lorsque vous ferez un documentaire sur Israël. »